
Macadam Donna
(ça me trouble)
En cours de production
Avec
Anne Mulpas
Bénédicte Lesenne
Joachim Leroux
Charles Neubach

Macadam Donna est né en 2022 sous le titre Ça me trouble, dans le cadre d’une carte blanche poétique confiée par Anis Gras – le lieu de l’Autre (Arcueil), pour le Festival des Échappées. J’y ai conçu une première forme scénique mêlant poésie, création sonore et vidéo autour de l’oeuvre de la philosophe des sciences Donna Haraway, et en particulier de son livre Vivre avec le trouble.
A la fois parce qu’à l’époque, j’étais plongée dans son oeuvre et son réseau de relations intellectuelles et artistiques (Vinciane Despret, Bruno Latour…), mais aussi parce que le covid était passé par là et qu’intimement et collectivement, je ne m’étais pas remise du choc existentiel qu’il provoqua.
Ça me trouble, pensé comme une épopée poétique et polyphonique, donne voix à trois figures :
ADEN, incarnation de l’histoire humaine dans sa beauté et ses désastres;
LUCA, cellule originelle dont tous les vivants descendent représentant la pluralité des formes d’existences non-humaines qui nous entourent et dont nous dépendons; et enfin
Poème, voix transversale, vibrante, qui relie les deux autres protagonistes.
Accompagnée, à l’époque, de la monteuse son Rym Debbarh-Mounir, j’étais sur scène pour porter cette parole — écrite comme un souffle en une dizaine de jours. L’année suivante, en 2023, le projet a poursuivi sa métamorphose dans le cadre d’une résidence In situ au collège Robert Doisneau de Clichy-sous-Bois, financée par le Département de la Seine-Saint-Denis. Cette résidence m’a permis de travailler au plus près des adolescent·e·s, en lien avec l’équipe de la bibliothèque Cyrano de Bergerac voisine.
Dans ce contexte, Ça me trouble a été présenté cette fois sous une forme évolutive : la vidéo a laissé place à l’écriture chorégraphique avec la danseuse Léa Salomon, et la représentation s’est déroulée en déambulation dans les espaces de la bibliothèque — dans le cadre du Festival littéraire Hors-Limite. Public invité et usagers du lieu – mères et enfants, adolescent·e·s, retraité·e·s, curieux de passage – ont partagé la tentative, cheminé avec nous. À l’issue de cette seconde étape, j’ai repris le travail du texte. Pendant une année entière, je l’ai réécrit, affiné, fragment après fragment. Ce travail de « ciselage » a abouti à la publication du recueil Macadam Donna aux éditions de Corlevour, en mars 2025.
Aujourd’hui, l’enjeu est de repartir du livre pour réinventer la scène. Revenir au plateau, pour explorer la lumière, la musique, les matières sonores comme autant de voix possibles de LUCA - donc de la vie.
Ce projet évolue avec le temps, avec les lieux, avec les personnes. Il grandit dans l’échange et dans le trouble, fidèle à son origine : celle d’un geste poétique profondément incarné, qui cherche à dire notre lien aux vivants, à la parole, et à ce qu’il nous faut inventer « d’improbables ».
Anne Mulpas, mai 2025